"Les petites toupies" (Joëlle Simon, nièce de M. Riera)

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Écrit par Administrator   
Mardi, 26 Août 2008 22:22

"Les petites toupies"  (Joëlle Simon, nièce de M. Riera)

 

J'ai quelque scrupules à intervenir sur votre site car je suis une fille et je n'ai jamais été scolarisée à l'école Volta. Je crains d'être une intruse dans vos souvenirs mais j'en ai tellement aussi dans votre école que l'émotion est trop forte et que je ne résiste pas à l'envie de participer à cette reconstruction.

Malheureusement, il me semble que votre passage, à tous, à l'école Volta est postérieure à l'époque où je la connaissais. Vous jugerez et me direz si ce que je peux vous apportez vous intéresse.

Je suis la nièce de Monsieur RIERA dont j'ai trouvé le nom quelque part sur le site mais votre génération semble ne pas l'avoir connu et c'est vrai qu'il a pris sa retraite en 1953. Quand il enseignait il habitait l'école, un appartement avec une grande terrasse qui dominait la cour et son ficus, puis après un virage, l'école Dujonchay et un terrain de sport .

Je suis née en 1945 et j'ai appris à marcher (si j'en crois les vieilles photos) sur cette terrasse dont le carrelage gris et strié est encore devant mes yeux. Je passais beaucoup de temps avec mon oncle, ma tante et leur fille Suzanne RIERA, de vingt-cinq ans mon aînée, qui est devenue la pharmacienne du Clos Salembier. Quand j'ai été moi-même scolarisée, rue Daguerre, je passais tous mes jeudis à l'école Volta : j'avais le droit d'aller jouer sous le ficus... j'ai longtemps cherché en France l'arbre qui faisait ces petits fruits, comme une olive mais avec une tige courte et charnue : comme je n'en voyais jamais et que je ne savais pas que c'était un ficus, je finissais par croire qu'il n'existait que dans ma tête.

La vie et ses préoccupations quotidiennes avait donné à mes souvenirs ou sensations de la petite enfance un aspect irréel, surtout que je jouais seule dans une cour déserte, silencieuse, situation assez insolite. Tout cela avait disparu sous la poussière des années dont la couche est d'autant plus épaisse qu'on ne peut en parler à personne, et vous avez soufflé dessus...

Ma tante et ma cousine, pour me distraire, m'avaient appris des jeux de fille avec les fruits du ficus : je ne bombardais personne mais je les utilisais comme de petites toupies ou bien je les reliais avec des bouts d'allumettes pour en faire un mobilier miniature. Les voisins de ma famille dans l'école s'appelaient Monsieur et Madame JALABERT : il était instituteur à Volta et elle à Dujonchay. Leur fils Paul, qui devait être un peu plus jeune que ma cousine, a été plus tard un joueur de tennis apprécié.

Au 1er étage il y avait la famille HUGUES ; les CASTELLANI et leurs trois fils vivaient aussi dans l'école. Monsieur BALDENWEIG, à qui je rendais visite, en pleine classe, quand j'avais deux ou trois ans, me donnait des bons points sans doute pour que je m'en aille au plus vite et le laisse travailler. Plus tard il m'a donné des cours de Maths, à son domicile, à l'Aéro-Habitat pour l'examen de sixième et plus tard encore quand j'étais au lycée Delacroix et que les résultats inquiétaient mes parents.

Je me suis toujours demandé quel secret il avait pour me faire comprendre ces mystères mathématiques : sans lui je n'atteignais pas la moyenne, après un mois ou deux de cours particuliers, j'étais première. Rassurés, on arrêtait les cours et je filais aussitôt vers les dernières places.

Pourtant les cours, dans le bureau de son appartement, étaient donnés en même temps à plusieurs élèves de niveau très différent puisque je me souviens que certains garçons semblaient être en mathelem, voire maths sup ou math spé quand je planchais sur des devoirs de cinquième. Il tournait derrière nous, surveillait le travail de chacun, intervenait à voix basse si nécessaire pour expliquer quelque chose... curieuse méthode mais qui portait ses fruits. Je crois qu'il a écrit des livres de Maths. Il était très soigneux de sa coiffure frisée et de sa personne en général. Je m'en souviens comme d'un homme un peu précieux, son épouse aussi ressemblait à une petite marquise poudrée.

Je me souviens aussi de la fête de fin d'année à l'école Volta, dans une grande salle qui devait être votre vestiaire car il y avait des porte-manteaux le long des murs. La concierge de l'école s'appelait Madame SANTACREUX. Tout cela remonte à la surface... merci.

Ma cousine, Suzanne RIERA, à qui je vais envoyer les pages de votre site car elle n'utilise pas l'ordinateur, a des souvenirs très chers de l'école que, dans ma famille, on désigne toujours par " l'Ecole " sans préciser son nom, tout le monde comprend. Elle y a aussi vécu l'occupation américaine qui semblait assez sympathique. Si vous pensez que le passage de Monsieur RIERA peut concerner certains d'entre vous, je peux lui demander de raconter quelques souvenirs et de me confier quelques photos à vous envoyer.

Merci de me dire comment je peux consulter celles que vous avez déjà, je ne les ai pas trouvés sur le site alors que plusieurs correspondants en parlent. Merci de m'avoir écoutée, c'était bien agréable de remuer tout cela...

Joëlle Simon - le 25 août 2001