Mes parents

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Fernand Morell (1920-1997, cliché 1990) et Jacqueline Puget (1924-2005, cliché 2004)

 

Le magasin de mes parents en 1954 au 98 rue Michelet

 

Un texte de Alain Gerbi - 2006

A son ouverture en 1950, le Magasin Morell-Puget vendait de la verroterie et des "fantaisies". Au moment de l'arrivée en masse des frigidaires et des machines à laver monsieur et madame Morell  se sont convertis à la vente d'électroménager. Outre leur compétence professionnelle, ils étaient connus pour être des personnes très affables, monsieur Morell adorant plaisanter avec ses clients.

Madame Morell  était très présente au magasin et palliait avec une grande patience les absences de son mari  lorsque celui-ci s'attardait aux "Sports Nautiques" ou chez "Palomba" qui avait eu la bonne idée d'ouvrir son bistrot sur le trottoir face au magasin. Il  n'y buvait rien d'autre que son café, y fumait ses éternelles "Craven Filtre" et y parlait de son principal passe-temps : "la voile". Sa passion de la mer lui étant venue des longs étés passés dans le cabanon de son père construit sur pilotis juste en face des rochers des "Deux frères"sur la plage Ouest de Sidi-Ferruch.

Mon père (texte de Marc Morell - 2006)

Le beau texte qui précède écrit par Alain Gerbi m'incite aujourd'hui à écrire quelques lignes sur mon père qui nous a quitté il y a eu exactement 9 ans le 4 octobre dernier.

En fait, Alain l'a décrit très précisemment en quelques éclairages bien choisis : son affabilité, sa passion de la voile, son attardement au bistrot à discuter avec les copains, ses Craven A, ...

J'ajoutterai seulement qu'après des années de lutte pour l'Algérie Française et malgré la douleur de l'exil - car il s'agit bien de cela - il a su s'intégrer à la vie du village grâce au bon accueil que lui ont fait les Marseillannais. Il a pu poursuivre sa passion de toujours - la voile - sur son bateau en naviguant sur l'étang de Thau qu'il adorait. Il parlait peu de l'Algérie et a gardé - comme beaucoup de pieds-noirs - la douleur de son arrachement de sa terre natale au fond de lui-même.

Fernand, Guillaume et Hector (c'est le chien !) en 1994 à Marseillan

 

Maman ne reverra pas Alger (texte de Marc Morell - 2005)

 

Jacqueline Morell-Puget (1924-2005) en voyage en France en 1960

Jacqueline Morell-Puget à Marseillan pour ses 80 ans en 2004

 

Mon dernier voyage à Alger en décembre dernier nous en avait convaincus : nous avions prévu avec Maman de retourner en avril à Alger où elle est née le 30 juillet 1924.

Malheureusement, Maman nous a quitté le 29 mars faisant preuve comme toujours d'un courage exemplaire, trouvant le temps qu'elle passait à l'hopital "un peu long", pressée de retrouver sa santé et sa maison, disant que décidemment cet hiver n'aura pas été "terrible"...

Maman connaissait tout d'Alger des années 20 jusqu'à notre départ en 1962. C'était une source inépuisable d'informations précises sur les lieux, les familles, les évènements qui ont émaillé la vie de la capitale et de ses environs. La mémoire de la famille a été sauvegardée par un long "interview" que j'avais réalisé en 1996. Je n'en ai jamais fait autant en la questionnant sur Alger même. Quel dommage ! Comme le disent les Africains, c'est une bibliothèque qui disparait avec elle...

Elle nous a quitté le mardi 29 mars au matin sans jamais revoir son cher pays, accompagnée dans ses derniers instants par les siens auxquels elle a donné tout son amour et un dévouement sans faille et, jusqu'à sa dernière demeure, par tous nos cousins venus des quatre coins de France et par une foule d'amis de Marseillan qui avaient apprécié - certains depuis 43 ans - son amabilité, sa générosité, son abnégation, son courage, son dynamisme et son optimisme constants en toutes circonstances.

Comme l'a si bien dit le prêtre : "c'est une grande dame que nous accompagnons..."...

Mes soeurs et moi-même en sommes fiers... Qu'elle nous serve d'exemple...

Marc Morell, le 5 avril 2005


Voici un texte qu'elle a écrit le 12 mars 2003 à l'occasion d'un exercice d'écriture :

Partir, c'est mourir un peu
Larguer les amarres
Aller de l'avant
Gare aux regrets
Elever ses prétentions

Loué le seigneur
Incantation
Vivre sa passion
Réjoui
Elève ton âme

Pour le bien
Aller de l'avant
Inlassablement
Nier le découragement


Homélie écrite et lue par le curé de la paroisse de Marseillan le 31 mars 2005 lors des obsèques de Jacqueline Morell-Puget :

"C'est une grande dame que nous accompagnons aujourd'hui...

Madame Jacqueline Morell-Puget qui rejoint son époux bien-aimé Fernand, parti il y a 8 ans, a marqué notre village et notre paroisse par ses valeurs humaines et chrétiennes reçues de ses propres parents et qu'elle a essayé, plus par sa vie exemplaire que par ses discours, de transmettre à sa descendance.

Jacqueline, en effet, faisait partie, comme dit la Bible, de la race de ceux qui cherchent Dieu. Sa foi ouverte et dynamique, la fidélité à son baptême et à sa confirmation, sa façon de vivre l'Evangile dans le concret de son existence, aura éclairé et encouragé nombre de proches ou d'amis cherchant bonheur et vérité.

Et vous, ses enfants et petits-enfants, Marc et Françoise avec Julien et Mathieu, Hugo, Nathan, Antoîne et Lou, Jacqueline et Max avec Jérémy et Benjamin, Dominique et Marion, vous pouvez être fiers de votre mère et grand-mère. Vous étiez sa raison de vivre et vous avez su lui rendre l'immense affection qu'elle vous portait.

Vous tous, ses proches et ses nombreux amis, vous avez bénéficié de sa générosité, de sa joie de vivre, de son sens des autres, de sa foi et de son espérance.

Comme le disait à la maison l'un de ses petits-enfants : attentionnée et attentive à chacun, elle a donné le meilleur d'elle-même.

Pour tout cela, en ce jour de son départ - provisoire car elle nous quitte mais ne nous abandonne pas - nous devons rendre grâce à Dieu qui met sur notre chemin de tels personnages lumineux et admirables.

Il faut dire que si avec Fernand, elle a dû abandonner en Algérie tout son patrimoine extraordinnaire - à commencer par ses racines - elle a su avec lui et leurs propres enfants enrichir le pays d'accueil, cette France qu'elle a aimée et servie. Comme tant d'autres rapatriés d'Algérie, elle a voulu tisser, par son sourire et son dévouement à toute épreuve, des liens d'amitié, de solidarité et de profonde humanité. Les clients de la "boîte à clous" qu'elle a créée avec Fernand sont rapidement devenus des amis.

Merci Jacqueline pour ce message d'amour et de don de soi que vous nous laissez, vous qui aviez la hantise de rendre les autres heureux.

Vous nous faites mieux comprendre cette parole de Jésus qui vous accueille dans la maison du Père : "Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir"...

Amen ! Alléluia ! "